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Paysage

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De l’aménagement de jardin à l'architecture du paysage

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Art et paysage: l’émergence d’une nouvelle discipline/
Le «Jardin des poètes», présenté à l’exposition horticole G59, suscita consternation et désarroi. Entre nature et art, l’œuvre d’Ernst Cramer bouleversait l’idée que l’on se faisait de l’aménagement de jardin. Si cette création fut détruite dès la fin de l’exposition, elle marqua durablement l’architecture du paysage.


Photo: Fondation suisse pour l’architecture du paysage FAP

Dans les 20 ans qui suivirent, l’architecture du paysage acquit le statut de discipline autonome. Les concepteurs s’affranchirent de l’image du «jardinier». Un usage ciblé du béton, des plantations surprenantes, des terrassements et un modelage très affirmés du terrain invitaient à s’interroger sur l’artificialité de la nature. Dans les années qui suivirent la crise pétrolière se développa un courant diamétralement opposé: celui des jardins naturels, attaché à l’écologie, à l’utilisation de plantes indigènes et à l’aménagement d’habitats pour la faune. C’est à cette époque que le biotope devant la maison individuelle devint à la mode.

> A propos du rôle des expositions horticoles / The swiss touch in landscape architecture, pro helvetia

 

Perception de l’environnement bâti et naturel: architecture et paysage
Dans les années 1960, le Tessin retint l’attention des architectes du monde entier. Sous le nom de «Tendenza», une jeune génération de concepteurs se demandait comment l’architecture pouvait contribuer à façonner le paysage. Ainsi les bains publics de Bellinzone ne furent-ils pas seulement conçus comme une piscine, mais aussi comme un repère territorial et comme un axe de liaison.

La vitesse de l’automobile modifiait la perception que l’on avait de l’environnement. Dans son ouvrage «L’image de la cité», paru en 1960, Kevin Lynch s’intéressait à la manière dont on se constituait la carte mentale d’un lieu, et aux repères d’après lesquels on s’orientait. Les relais et ponts qui jalonnaient les autoroutes permettaient de mesurer les distances. Les immeubles-tours se mirent à jouer le rôle des anciens clochers. Des interventions comme celles de Heinrich Graf à Saint-Gall introduisirent des formes modernes dans les vieilles villes, sans pour autant en altérer le caractère.

 

Réseau routier et paysage industriel
En 1960 entrait en vigueur la loi fédérale sur les routes nationales. On se mit à investir massivement dans le réseau routier. Jusqu’en 1975 furent construits 952 kilomètres de routes nationales, dont 662 d’autoroutes*. Bâtiments industriels et équipements logistiques s’implantèrent le long de ces nouveaux axes et marquèrent le paysage de leurs gigantesques halles. Tout autour se développèrent des lotissements de maisons individuelles. Posséder une voiture devint la norme, ce qui favorisa le mitage du territoire. Peu à peu, l’idée que la croissance urbaine devait être canalisée, faisait son chemin.

L’urbanisation effrénée suscitait de plus en plus de critiques. La Ligue suisse du patrimoine national (l’actuel Patrimoine suisse) réclamait une protection efficace des paysages et des sites construits. En 1967 finit par entrer en vigueur la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage. En 1972, le Conseil fédéral promulgua en toute hâte des mesures pour préserver les secteurs sensibles. Il fallut cependant attendre 1980 pour qu’entre en vigueur une législation fédérale sur l’aménagement du territoire.

* Office fédéral de la statistique

Recherche agricole et industrialisation de l’agriculture: la nouvelle ferme
Dans les années de haute conjoncture, l’agriculture s’industrialisa à grands pas. Un nombre toujours plus restreint d’agriculteurs devait produire toujours plus. La révolution verte introduisit les variétés à haut rendement. Fourrage en silo, pesticides et engrais artificiels triomphèrent. Dans le contexte de la guerre froide, l’enjeu n’était pas seulement l’efficacité de la production, mais aussi la sécurité alimentaire du pays.

Les améliorations foncières, en particulier le regroupement de biens-fonds, créèrent les conditions propices à une exploitation moderne du sol. Fait intéressant: c’est précisément la construction du réseau autoroutier, très gourmand en terrains, qui favorisa ces planifications coordonnées. 

Photo: Patrimoine, 1/1962

Après avoir servi pendant des siècles, les fermes traditionnelles se révélaient soudain obsolètes. Elles ne permettaient ni d’abriter d’importants parcs de machines, ni de stocker les denrées produites en grandes quantités. Les familles paysannes furent contraintes de quitter les localités et de s’établir à proximité de leurs champs.

L’Association suisse pour la colonisation intérieure et l’agriculture industrielle (l’actuelle Association suisse industrie et agriculture SVIL) développa des fermes standardisées, répondant aux nouveaux besoins. Elle réalisa 47 fermes du type «Argovie» en 1963, et 58 en 1964.

Comment la Ligue suisse du patrimoine national se positionnait-elle par rapport à ces nouvelles fermes? Les liens suivants vous en apprendront plus:
> «La nouvelle ferme» de Rudolf Schoch, dans: Patrimoine 1962 

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